Vive les seniors! Editorial n° 30 – Revue L’information Dentaire septembre 2010
Mise à jour : 9 avril 2013 | Publications
Source : L’INFORMATION DENTAIRE n° 30 – 8 septembre 2010 / EDITORIAL n°30
L’espérance de vie a presque doublé au cours du XXesiècle en France.
La part des seniors âgés de plus de 65 ans, de l’ordre de 17 % en moyenne en Europe en 2000, frô-lera les 30 % en 2040! En 1998, le monde comptait 390 millions de seniors; le double est prévu en 2025. Dans certains pays, comme en Amérique latine ou en Asie, la proportion des plus de 60 ans augmentera de 300 % durant cette période, selon les chiffres de l’Organisation Mondiale de la Santé, pour atteindre un effectif de 2 milliards en 2050, tous pays confondus, dont 80 % dans les pays industrialisés.
Cela pose un défi considérable en termes de santé publique, notamment vis-à-vis du développement de certaines maladies comme les affections cardio-vasculaires, l’hypertension, le diabète et le cancer. La prévention dentaire est très peu présente chez les personnes âgées, le développement des caries et des maladies parodontales est en constante progression dans ce groupe d’âge. L’accès aux soins de la population âgée, même dans nos pays développés, n’est pas toujours possible pour différentes raisons: l’éloignement géographique dans certaines régions où les praticiens sont peu nombreux, les conditions économiques ou encore une attitude négative à l’encontre de la santé orale.
En France, 16% des individus de 65-74 ans étaient sans dents en 1990-1992 (Bourgeois, Berger, Hescot et al. 1995). Dans une revue de littérature relativement étendue, seulement quatre pays (Finlande, Suède, Royaume-Uni et Etats-Unis) présentaient des données fiables permettant une projection de la prévalence de l’édentement dans les années à venir (Mojon et al. 2004). Elle montre néanmoins que le taux d’édentement total devrait baisser, probablement grâce à la prévention et aux soins conservateurs chez les plus jeunes. En revanche, le nombre de dents absentes étant proportionnel à l’âge du patient et du fait du vieillissement de la population, le nombre absolu d’édentés complets baissera-t-il? Cette question reste ouverte.
Quant au traitement des édentements complets par des restaurations implanto-portées, il devrait pouvoir se démocratiser davantage. C’est aujourd’hui le moyen le plus fiable, quand il est mené à bien, de retrouver la fonction, le confort, la gustation et l’esthé-tique. Quelle attitude adopter lorsque nos patients vieillissants se retrouvent avec de fortes résorptions osseuses ou des maladies qui contre-indiquent les chirurgies lourdes? Certes, la simplification des procédures, la réduction du nombre d’implants et la recherche d’ancrage osseux dans l’os basal, comme l’apophyse zygomatique quand il s’agit du maxillaire ou la symphyse mentonnière à la mandibule, devraient permettre de réhabiliter la grande majorité de nos aînés. Reste, bien entendu, le problème économique qui s’ajoutera à la problématique technique et que je ne peux prétendre résoudre à travers ces quelques lignes. Cependant, une contribution aura été apportée par ces avancées techniques et ces nouvelles approches thérapeutiques. Nos politiques auront beaucoup à faire pour le reste…
Hadi Antoun